La Première Guerre Mondiale et la Grève Générale de Winnipeg de 1919

Le 15 mai 1919 marque le début de la grève générale de Winnipeg. Bien que le nombre de grévistes soit incertain, environ 30.000 ont participé [1]. Ensemble, ils ont réussi à paralyser la ville jusqu’à l’effondrement de la grève à la fin de juin par la suite d’une pression gouvernementale. Une grève de cette amplitude est l’aboutissement de plusieurs facteurs, notamment l’instabilité de la société à la suite de la Première Guerre Mondiale.

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Exposition Itinérante : Après la guerre

La Première Guerre mondiale a non seulement dévasté l’Europe, mais également les dominions, les colonies et les pays étrangers qui ont pris part au conflit. Avec plus de 60 000 Canadiens tués, des milliards de dollars dépensés et des plaies tant physiques que mentales, les ramifications de la guerre s’étendent bien au-delà des champs de bataille.

Notre nouvelle exposition itinérante Après la guerre : le retour au pays et la réintégration à la fin de la Grande Guerre examine les efforts déployés par la société canadienne pour aider plus de 600 000 personnes face aux défis de la réintégration ; dans une société qui, à bien des égards, ne ressemblait pas à celle qu’ils avaient quitté en 1914. En examinant les questions de la démobilisation, des organisations communautaires et de l’activisme, des blessures et des invalidités, du soutien gouvernemental et du coût de la guerre dans les années qui suivent, cette exposition et son catalogue fournissent de riches informations sur cette gigantesque tâche.

Après la guerre traversera le Canada en 2019 avec son premier arrêt à Calgary à Lougheed House du 24 janvier au 15 mars. Ensuite, elle se rendra à la bibliothèque publique de Winnipeg avec d’autres arrêts à travers le Canada jusqu’à son retour à Montréal prévu en novembre 2019. Suivez nous pour savoir si l’exposition sera présentée dans une ville proche de chez vous !

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Jouer la guerre au Canada : mise en scène de la Première Guerre mondiale au théâtre en 1914-1918

Durant la Première Guerre mondiale, la propagande a été le nerf du conflit en vue de mobiliser les esprits des populations non-combattantes. Pour les belligérants, outre la mobilisation des combattants au front, celle également des civils à l’arrière était primordiale afin qu’ils tiennent jusqu’à la victoire finale et qu’ils supportent jusqu’au bout l’effort de guerre et les rigueurs qu’il pouvait imposer au quotidien. Le but principal de la propagande était de donner les éléments de compréhension de la lutte en cours en vue de susciter le soutien inconditionnel de chacun face à un ennemi clairement identifié par le jeu de valeurs opposées. Les historiens retiennent généralement la presse et les productions écrites (pamphlets, romans, presse), comme les principaux vecteurs de diffusion de discours de mobilisation des civils. Nous proposons ici d’aborder une aire peu étudiée en temps de guerre et qui, pourtant, fut toute aussi concernée par les discours de propagande : le théâtre.

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Exposition Itinérante 2018 : Parallèles

Représentations de la Grande Guerre au Canada et à Terre-Neuve par les femmes

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Image: Mary Riter Hamilton. Sanctuary Wood, Flandres. 1920. Huile sur bois contre-plaqué, 59.100 x 45.700 cm. Mary Riter Hamilton Fonds, Bibliothèque et Archives Canada. Acc. No. 1988-180-21.

 

Le monde de la consommation en temps de guerre : la Grande Guerre et les enseignes commerciales (1914-1918)

En 1914, à l’exemple des autorités britanniques, le gouvernement canadien ne veut pas influer sur l’économie libérale. Les affaires devaient continuer comme en temps de paix. Il n’était pas question de chambouler le monde des affaires à cause du conflit outre-mer. Le mot d’ordre était alors business as usual.

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Passchendaele, 100 ans déjà!

Le 11 novembre de chaque année, les champs des deux côtés de la Porte de Ménin se couvrent de coquelicots en papier pour commémorer le sacrifice des nombreux soldats britanniques et d’autres pays du Commonwealth morts au champ d’honneur dans la Flandre, en Belgique, lors de la troisième bataille d’Ypres qui eut lieu entre le 30 juillet et le 6 novembre 1917, aussi appelée la bataille de Passchendaele. 


Tous les soirs à 20 heures, les clairons des pompiers belges postés sous l’arche monumental de la Porte de Menin jouent The Last Post/La Dernière sonnerie, une pièce musicale symbolisant l’adieu aux soldats morts, une berceuse funèbre pour le repos de leur âme. Requiescant in Pace aux 54 896 militaires inscrits. Deux minutes d’émotion assurée au Mémorial.

« Nous sommes morts / Nous qui songions la veille encor’ / À nos parents, à nos amis, / C’est nous qui reposons ici / Au champ d’honneur. » Cette strophe est tirée du poème In Flanders Fields/Au champ d’honneur, écrit un matin de printemps par le lieutenant-colonel John McCrae (1872-1918), médecin ontarien, poète à ses heures, qui y laissa la vie.

C’est d’ailleurs à la Porte de Ménin qu’on trouve gravé sur la plaque no. 10 le nom du Major Talbot Mercer Papineau, avocat et petit-fils de Louis-Joseph Amédée Papineau, lui-même fils de l’hon. Louis-Joseph Papineau, homme politique, avocat et propriétaire de la Seigneurie de la Petite-Nation, un immense domaine de lacs et de rivières entre Montréal et Ottawa en Outaouais dont héritera, en 1903, la famille de Talbot. Talbot est le fils de Louis-Joseph IV (1856-1904) et de son épouse, Caroline Rogers Papineau (1859-1952), originaire de Philadelphie aux États-Unis. Il est le frère de Louis l’aîné, de Westcott et de Philippe, tous nés à Montebello entre 1881 et 1887.

Comme ses trois frères, Talbot naît au manoir familial de Montebello. Il est tout près de minuit en ce dimanche de Pâques 1883 lorsqu’arrive ce gros bébé de plus de huit livres, aux cheveux  et aux yeux noirs. Le jeudi 28 juin, il est baptisé du nom de son grand-père maternel, Talbot Mercer Rogers Papineau, dans la religion presbytérienne de ses parents, en présence de ses grands-parents, aïeuls et bisaïeuls, un rassemblement familial comme le seigneur Amédée Papineau aimait en organiser pour les grandes occasions. L’heureux grand-père paternel a fait sonner la cloche au campanile pour l’annoncer à la ronde. « Trop bon et trop sage pour lâcher un cri, il reçoit l’onde avec le sourire »,  écrit-il dans son journal. Plus tard, le 25 mars 1887, il y notera: « Fête de Talbot, qui a aujourd’hui 4 ans. Comme ses frères, tous trois de bons enfants, pleins de santé, qui promettent de vivre et de faire de braves hommes. Dieu le veuille ! »

Son vœu sera exaucé ! Brave homme et courageux soldat, Talbot le sera ce matin du 30 octobre à Passchendaele en Belgique, non loin du hameau de Gravenstafel, en direction de Duck Lodge, le premier objectif de cette bataille. Vingt mille soldats sont sur place, attendant le signal de l’attaque. Le soir précédent, à qui pouvait-il bien penser ? À une femme, à ses amis, à sa famille ? Sûrement à tous ceux-là, mais c’est à sa mère, Caroline Rogers Papineau, qu’il a écrit une courte lettre, sa dernière :

Le 29 octobre 1917

Très chère mère,

Je peux encore vous écrire […] avant de sortir de la tranchée. Nous avons eu de la chance jusqu’à présent et tout va pour le mieux. Je me suis même rasé ce matin dans un peu d’eau sale. J’ai été ravi de recevoir deux lettres et une boîte de bonbons de vous la nuit dernière. Une nuit froide et bruyante, je peux vous l’assurer, la terre vibrait sourdement. Il y a si peu à dire quand… Si seulement je savais ce qui va arriver, je souhaiterais vous en dire tellement. Mais ces lettres feraient de bien piètres derniers mots. Puissiez-vous comprendre tout l’amour du monde avec lequel elles sont écrites ! Vous m’avez donné le courage et la force d’aller très gaiement et joyeusement au combat pour la bonne bataille. Mon affection à tous et un gros câlin pour vous, brave mère.  (Traduction libre)

Talbot Papineau

Avant de sortir de la tranchée, un pied sur l’échelle et l’autre prêt à franchir un barrage de feu, Talbot s’est tourné vers le major Hugh Niven en disant : « You know Hughie, this is suicide » (Vous savez, Hughie, c’est un véritable suicide) puis il s’est élancé. Après quelques secondes, il est frappé par un obus dans la poitrine, un coup mortel, sans pitié. Il est 5 h 50, il avait 34 ans. Le camarade de tranchée qui le suivait perd lui aussi la vie. Il s’appelait Rider Lancelot Haggard, un capitaine au nom de chevalier légendaire de 10 ans son cadet.

Le corps de Talbot est submergé dans une mer de boue et n’est retrouvé que trois semaines plus tard par son compagnon d’armes des premiers jours, le lieutenant-colonel Charles James Townsend Stewart (1874-1918), surnommé Charlie, qu’il avait connu pendant l’entraînement du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (PPCLI) à Ottawa, en août 1914. Charlie a reconnu son cadavre, ou plutôt ce qu’il en restait, à la façon particulière qu’avait Talbot d’attacher ses molletières (puttees) et par le contenu des poches de son pantalon. Il a planté une croix sur sa tombe de fortune. Elle a fini par disparaître, oubliée dans le tumulte de la fin des combats.

Personne n’a raconté à la mère de Talbot ces tristes détails afin de ne pas aggraver sa peine. On lui a plutôt dit qu’on n’avait jamais retrouvé le corps de son fils, comme ce fut le cas pour tous ceux inscrits à la Porte de Menin. L’a-t-elle cru ? Espérons-le. Caroline a eu beaucoup de difficulté à surmonter son chagrin, elle qui avait tant de foi en son cher Talbot, qui croyait au talent de son fils et qui nourrissait tellement d’ambition pour lui. « Rien ne pourra me consoler de la perte de mon garçon qui fut la joie et le réconfort de ma vie », a répondu Caroline le 25 novembre 1917 à la lettre de condoléances d’un haut gradé militaire. Elle est décédée en 1952, à 93 ans, animée d’une tristesse qui s’est éternisée!

Caroline Rogers Papineau est enterrée sous une humble pierre tombale marquée « C.R.P. 1952 », dans le minuscule cimetière attenant à la chapelle funéraire familiale sur le sentier du Manoir-Papineau, avec les descendants de son fils aîné Louis-Joseph V qu’on appelait Louis, le dernier à avoir été inhumé dans la chapelle, en 1971. Près de Caroline, trois pierres tombales sont alignées : son petit-fils aîné, Louis-Joseph VI né en 1912 (« L.J.P. JAN. 7, 1987 »), son épouse Elizabeth Mary (« E.M.P. 27TH NOVEMBER, 1976 »), et leur fils et son arrière-petit-fils, Louis-Joseph Kenneth, né en 1944, décédé en 2016 et inhumé sur place en juin 2017.

Que reste-t-il de Talbot Mercer Rogers Papineau à Montebello? Dans la chapelle funéraire, une plaque commémorative évoque sa mémoire tout comme celle de plusieurs membres de cette illustre famille dont certains sont inhumés dans la crypte. Un monument aux anciens combattants des deux grandes guerres s’élève près de la gare touristique, sans aucune  mention des défunts. Nous ne savons malheureusement pas qui ils sont. Cependant, ce monument porte un nom depuis 1948 : Mémorial Talbot-Mercer-Papineau. Ainsi posté à l’entrée, le brave Talbot garde symboliquement le sentier menant au manoir familial, à la chapelle funéraire et au cimetière de la famille Papineau.

Le 11 novembre rappelle la signature de l’Armistice de 1918 qui a mis fin à la Première Guerre mondiale et se veut un hommage au sacrifice des soldats morts pour la patrie. Le 11 novembre, c’est aussi le jour du Souvenir. Et pour paraphraser Amédée Papineau : « Dieu le veuille!

Collaboration

• Paul Lafrance, aide à la rédaction et révision, Gatineau.

• Merci aux passionnés d’histoire et de patrimoine d’ici et d’ailleurs pour l’aide à la documentation et à la recherche : Georges Aubin (L’Assomption), Marie-France Bertrand, Dominique Bouchard, Nathalie Bouchard, Yvan Fortier (Parcs Canada, Québec), Géral Geoffrion, Nicole Hébert, Claire Leblanc-Deeks et Sophie Léger.

Note

Version augmentée d’un article paru dans Infolettre, vol. 2, no. 7, 1er novembre 2017, une publication de la Société historique Louis-Joseph-Papineau (Montebello, QC ) MJB/06/11/17

Marie Josée Bourgeois est membre de la Société historique Louis-Joseph-Papineau. Native de Montebello, elle est très active sur la scène culturelle; elle fait des présentations et guide des circuits sur l’histoire et le patrimoine dans la région de la Petite-Nation.

Sources

• Sandra Gwyn, Tapestry of War, Harper Collins Publishers, 1992, 552 pages.

• Canada at War, http://www.canadaatwar.ca/index.php?page=Page&action=showpage&id=12 consulté le 23 octobre 2017.

• John Burge, The Future before him, 37 pages http://social-ethos.com/wp-content/uploads/2016/06/article2.pdf  consulté le 15 août 2016.

• Nécrologie LJK Papineau, https://www.tubmanfuneralhomes.com/families-in-our-care/l-j-kenneth-papineau/1863/ consulté le 26 juin 2017.

http://www.montebello.ca/administration/ckeditor/ckfinder/userfiles/files/LA-CHAPELLE-FUNERAIRE-PAPINEAU.pdf consulté le 20 octobre 2017.

http://www.montebello.ca/administration/ckeditor/ckfinder/userfiles/files/LE-CENOTAPHE.pdf consulté le 20 octobre 2017.

• Chapelle, infos historiques Papineau http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=92799&type=bien#.WfeN0LpKuhA  consulté le 28 octobre 2017.

• Journal d’Amédée Papineau (à paraître, annoté par Georges Aubin), documents originaux BAnQ-Q, P417/8 et P417/9.

• Collection PPCLI,  Photo, Major Talbot Mercer Papineau, 1916.

La guerre des enfants : les Noël des enfants canadiens en 1914-1918

La dernière partie de la série sur les enfants canadiens et la Première Guerre Mondiale par Mourad Djebabla-Brun, Phd. M. Djebabla-Brun est professeur et chercheur au Collège militaire royal du Canada à Kingston.
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La guerre des enfants : les Soldats du Sol (1918)

Aujourd’hui, Mourad Djebabla-Brun, PhD,  continue sa série sur les effets de la Première Guerre Mondiale sur les enfants.   Continue reading “La guerre des enfants : les Soldats du Sol (1918)”

La guerre des enfants : les écoliers ontariens et québécois durant la guerre de 14-18

Mourad Djebabla-Brun (PhD) nous raconte l’histoire cachée de la Première Guerre Mondiale dans les écoles canadiennes. C’est fascinante !  Continue reading “La guerre des enfants : les écoliers ontariens et québécois durant la guerre de 14-18”